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Bâtir un avenir numérique meilleur : introduction aux biens publics numériques

par Felista Amagarat, - 20 mars 2023

La désignation « open source » remonte aux années 1990, lorsque ses pionniers ont voulu défendre les logiciels libres et ouverts sans pour autant en faire des logiciels gratuits, comme certains l’ont cru à tort. Vingt ans plus tard, l’open source s’est imposé comme la pierre angulaire de la plupart des nouvelles technologies d’entreprise. Comment expliquer un tel engouement ?

Pour mieux cerner cette évolution, nous devons tout d’abord définir l’open source. Cette technologie permet à un client de maîtriser un logiciel, un code ou une application tout en soutenant le développement de ses aspects les plus innovants. L’open source est à la libre disposition du public, non pas en termes de coûts mais en termes d’accès. Ce modèle technologique peut être réutilisé et redistribué, facilitant la réalisation des objectifs par la collaboration. Certaines des marques les plus influentes et les plus populaires de notre quotidien sont ainsi basées sur l’open source, comme Uber, Netflix, Mozilla Firefox ou encore les services bancaires. La liste est infinie. L’open source n’est donc plus un modèle alternatif, mais un courant dominant jouissant d’une forte présence dans presque tous les secteurs.

Comment tout cela a-t-il commencé ?

L’open source est né du constat suivant : pour que la technologie évolue, la société a besoin d’informations libres d’utilisation et d’un environnement favorisant la collaboration volontaire des citoyens. L’essor des technologies propriétaires a conduit au verrouillage et au cloisonnement des technologies. C’est pourquoi un espace destiné aux solutions technologiques open source a été créé afin de permettre aux organisations d’adopter, d’adapter et de développer les technologies de manière à assurer leur flexibilité. Ces biens publics numériques (BPN), protocoles ou API permettent de nombreuses innovations, mais doivent être protégés par des règles techniques et institutionnelles afin d’empêcher leur appropriation ou utilisation monopolistique. Trois caractéristiques les distinguent : ils sont non concurrents, non exclusifs, et disponibles dans le monde entier. Par ailleurs, une équipe est chargée de les concevoir tout en assurant la maintenance, promouvant les bonnes pratiques, partageant les innovations et contribuant à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Quelques exemples de biens publics numériques :

  • Le projet open source de la fondation Mojaloop permet la création de plateformes de paiement instantané et inclusif pour les banques et les institutions non bancaires.
  • La plateforme MOSIP fournit l’architecture technique permettant aux gouvernements et à d’autres organisations de créer une identité numérique fondamentale de manière sûre, flexible et rentable
  • La plateforme OpenG2P permet le paiement de l’aide humanitaire.
  • La plateforme DHIS2 est le plus grand système de gestion des données sanitaires au monde comblant les lacunes en matière de collecte, d’accès et d’utilisation des données sanitaires au niveau local.

Les biens publics numériques et l’inclusion financière

Les biens publics numériques sont le fondement même des infrastructures publiques numériques, qui font émerger des systèmes numériques permettant aux personnes de participer pleinement à la vie financière. Ils soutiennent l’inclusion financière et autonomisent les populations défavorisées. Leur rôle crucial dans la création d’infrastructures numériques inclusives, garantes de l’égalité des chances, n’est plus à démontrer. On peut notamment citer les services de paiement Faster Payments System en Russie, CoDi au Mexique et PIX au Brésil, qui facilitent les paiements numériques instantanés à coût faible ou nul entre les particuliers et les entreprises ou les gouvernements.

La pandémie de COVID-19 a confirmé la nécessité de disposer d’une structure numérique solide et de pouvoir la développer rapidement en réponse à une crise. Le Togo a ainsi déployé avec succès un programme de transferts monétaires d’urgence s’appuyant sur certaines composantes de l’infrastructure publique numérique pour apporter une assistance en espèces ciblée au profit des habitants les plus vulnérables des zones fortement touchées par le virus. Le recours à l’infrastructure publique numérique a permis au pays d’assurer une prestation plus rapide et plus efficace que ses pairs.

L’Afrique, qui compte plus de 350 millions d’adultes financièrement exclus, est un écosystème numérique émergent. L’utilisation des biens publics numériques, en particulier pour les paiements et les envois de fonds numériques, est une piste incontournable pour accélérer l’inclusion financière.

Nous n’avons fait ici qu’effleurer le vaste et complexe sujet des biens publics numériques. À mesure que nous avancerons dans l’exploration de ce domaine crucial, nous partagerons avec vous des réflexions, des analyses et des mises à jour sur les derniers développements. Ne manquez donc pas nos prochaines publications ; nous y approfondirons notre étude de l’univers des biens publics numériques et de leur impact sur l’inclusion financière.

Sources



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