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SIIPS 2024 : points clés, principaux enseignements et moments marquants

19 décembre 2024

Le rapport sur l’état des lieux des systèmes de paiement instantané inclusifs en Afrique (« Rapport SIIPS 2024 ») a été lancé le 20 novembre 2024 dans la dynamique ville d’Accra, au Ghana. Organisé par AfricaNenda en partenariat avec la Banque du Ghana et Ghana Interbank Payment and Settlement Systems Limited (« GhIPSS »), cet événement transformateur a rassemblé diverses voix pour explorer l’impact favorable des systèmes de paiement instantané inclusif (« SPII ») sur l’inclusion financière de millions de personnes à travers l’Afrique.

De la présentation très attendue de l’édition 2024 du Rapport SIIPS aux discussions enjoignant à la réflexion sur les paiements transfrontaliers, l’infrastructure publique numériqueIPN ») et l’innovation financière, le Rapport SIIPS 2024 s’est avéré un moment charnière dans le mouvement de refonte du paysage financier de l’Afrique.

Qui était présent ?

Cette année, l’événement a été l’occasion de réunir pléthore d’acteurs majeurs du changement :

  • des représentants de banques centrales, ainsi que des décideurs politiques
  • des chefs de file de l’industrie, aux côtés de représentants d’institutions financières
  • des experts des services financiers numériques
  • des médias et journalistes influents

Unis par une vision commune, les participants ont sondé l’état actuel des systèmes financiers africains, abordé les défis et identifié des opportunités pour créer un écosystème des paiements instantanés plus inclusif.

Préparer le terrain en renforçant les capacités des médias

Le coup d’envoi a été donné le 19 novembre, en commençant par un atelier média organisé en collaboration avec Co-Develop. L’événement avait pour objectif de doter les journalistes des connaissances nécessaires à leur couverture médiatique des SPII et de l’IPN.

  • Venus du Togo, du Bénin, du Nigeria, du Sénégal, du Kenya, du Cameroun et du Ghana, 22 journalistesen présentiel et 49 participants en distanciel y ont pris part.
  • Forte du succès de la formation de l’année dernière, cette édition a mis l’accent sur l’approfondissement des connaissances des participants relatives aux SPII et à l’IPN. Les formateurs ont également présenté des perspectives pratiques pour alimenter une couverture spécialisée dans ce secteur en rapide évolution.

Lancement du Rapport SIIPS 2024

Ce grand événement a débuté par des allocutions inaugurales du Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda Foundation, de Mehnaz Safavian, Practice Manager FCI à la Banque mondiale, Stephen Karingi, représentant de la CEA, et du Dr Kwame A. Oppong, représentant de la Banque du Ghana.

Sabine Mensah, directrice générale adjointe, et Jacqueline Jumah, directrice du plaidoyer et du renforcement des capacités, ont ensuite pris le relais et présenté le Rapport SIIPS 2024. Pendant une heure, elles ont guidé le public à travers les témoignages, mettant en lumière les principales tendances du paysage des paiements instantanés inclusifs en Afrique.

  • Du côté de l’offre, 31 systèmes de paiement inclusifs (« SPI ») sont opérationnels dans 26 pays africains, avec une croissance notable des volumes de transactions et de l’inclusivité. Des défis subsistent cependant, notamment les mécanismes de recours limités.
  • Côté demande, l’influence sociale stimule l’adoption, l’épargne et les recharges télécoms étant les principaux cas d’utilisation numérisés. Les problèmes de confiance, la piètre fiabilité des réseaux ainsi que les préoccupations en matière de confidentialité freinent cependant le passage à une utilisation régulière.
  • Au rang des tendances clés figurent la nécessité d’octroyer des agréments aux fintechs favorables à l’innovation, l’impulsion en faveur de l’IPN ainsi que la levée des obstacles pour permettre l’avènement de systèmes de paiement durables et inclusifs à travers le continent.

Points clés des panels de dicussion

Panel 1: l’inclusivité des systèmes de paiement instantané

Ce panel a examiné les informations clés, les expériences et les enseignements tirés de la mise en œuvre de SPII à travers le continent africain. Les panélistes ont partagé leurs perspectives sur les moyens de venir à bout des obstacles à l’inclusivité des SPI, tels que l’interopérabilité, l’accessibilité et la confiance, tout en mettant en avant des stratégies pour passer ces systèmes à l’échelle. La discussion s’est concentrée sur des solutions pratiques et des innovations à même d’accélérer l’inclusion financière et de créer des écosystèmes de paiement durables et inclusifs à travers le continent.


Principaux enseignements :

  • Inclusion financière: étendre l’accès aux populations mal desservies, telles que les communautés rurales et les petites entreprises.
  • Accessibilité technologique : donner la priorité à des interfaces simples d’utilisation et des solutions à faible coût, notamment pour les téléphones mobiles.
  • Soutien politique: les gouvernements et les organismes de réglementation doivent favoriser l’inclusivité tout en protégeant les consommateurs.
  • Collaboration transfrontalière : des systèmes fluides et interopérables peuvent contribuer à libérer le potentiel commercial de l’Afrique.
  • Sécurité et confiance : de solides garde-fous contribuent à consolider la confiance des utilisateurs et à protéger les populations vulnérables.

Les panélistes, de gauche à droite: Blaise Gasabira, PDG de RSwitch, Abeneazer Wondwosen, Chief Portfolio Officer d’EthSwithch, Dilwonberish Aberra, BMGF (modérateur), Archie Hesse, PDG de GhIPSS, Lucy Charles-Shaidi, directrice des systèmes de paiement nationaux à la Banque de Tanzanie, Premier Oiwoh, Directeur général et PDG de NIBSS, au Nigeria.

  • Panel 2: dynamiser les paiements transfrontaliers intra-africains

Axé sur la simplification des paiements transfrontaliers, le panel a exploré des moyens de rendre les transactions plus rapides, plus efficaces et plus accessibles. Les discussions ont porté sur les stratégies les plus efficaces et les efforts de collaboration pouvant être mis en œuvre pour améliorer l’efficacité, l’accessibilité et le coût des paiements transfrontaliers intra-africains. Ces efforts sont essentiels pour promouvoir l’intégration économique et le développement à travers le continent.


Principaux enseignements :

  • Défis : les coûts élevés et la manque d’interopérabilité sont une entrave au progrès.
  • Collaboration régionale : des cadres harmonisés et des partenariats s’avéreront déterminants.
  • Outils numériques : les plateformes de solutions d’argent mobile révolutionnent le secteur en levant les obstacles traditionnels.
  • Alignement réglementaire : des politiques et réglementations alignées peuvent pousser à l’innovation, tout en garantissant la sécurité des consommateurs.

Les panélistes, de gauche à droite :Dr Patrick Olomo, Responsable de la politique économique et du développement durable à la CUA, Thomas Lammer, Deputy Head of Secretariat au sein de la CPMI/BRI, Sabine Mensah, directrice générale adjointe (modératrice) chez AfricaNenda, Dr Kwasi Osei-Yeboah, Director financial stability à la Banque du Ghana, Ruhling Herbst, responsable exécutif par intérim Africa Business Development & Strategy and Transformation Officer au sein de BankServAfrica, et Habib Attia, conseiller sénior pour la Fonds monétaire arabe (participation en ligne)

Panel 3:

tendances émergentes en matière de développement des SPI

Au cours de la troisième table ronde de la journée, les discussions ont porté sur les stratégies les plus efficaces et les efforts de collaboration pouvant être mis en œuvre pour améliorer l’efficacité et l’accessibilité des SPI, tant localement qu’au niveau transfrontalier. Ces efforts sont essentiels pour favoriser l’intégration et le développement économiques sur le continent, tout en veillant à ce que les SPI répondent aux besoins des consommateurs et favorisent l’inclusion financière.

Principaux enseignements :

  • Il est essentiel de suivre une approche centrée sur le consommateur pour encourager l’adoption des SPI sur le continent.
  • L’accès et la participation à l’économie numérique sont un droit, et non un privilège. Il incombe aux différents acteurs de l’écosystème de veiller à ce que ce droit soit respecté.
  • Pour ce faire, tous les cas d’utilisation doivent être numérisés. Il est également nécessaire d’améliorer la proposition de valeur pour les clients et les fournisseurs de services dans l’écosystème financier.

La transformation numérique est à l’œuvre depuis un certain temps déjà. Ainsi, le fait de s’appuyer sur l’infrastructure existante peut contribuer à donner un coup de fouet à l’inclusion financière

Les panélistes, de gauche à droite: Heba Shams, VP Global Public Policy pour Mastercard, Robert Karanja, Senior Director pour la région Afrique au sein de Co-Develop, Dilwonberish Aberra, Senior Program Officer pour la Fondation Bill & Melinda Gates, Akinwale Goodluck, directeur général adjoint au sein d’AfricaNenda (modérateur), Dorothee Delort, Spécialiste sénior du secteur financier à la Banque mondiale, et Clarence Blay, Director Payment Systems à la Banque du Ghana

Panel 4: forum des gouverneurs sur les principales considérations politiques


Modéré par le Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda, ce panel de haut niveau a réuni des gouverneurs de banques centrales. Ceux-ci ont discuté des considérations politiques essentielles à l’avancement des systèmes de paiement instantanés en Afrique. Au cours de cette session, les approches visant à améliorer l’interopérabilité, l’eKYC (connaissance électronique de la clientèle) et l’octroi d’agréments aux fintechs afin de permettre aux SPI de passer à l’échelle ont été approfondies. Les panélistes ont également abordé ce qu’il fallait harmoniser d’un point de vue réglementaire pour assurer la fluidité des paiements de détail transfrontaliers. Les panélistes ont mis l’accent sur l’importance de la collaboration entre les organismes de réglementation, les institutions financières et les fintechs. Cette collaboration aurait pour finalité de bâtir un écosystème des paiements inclusif, efficace et intégré qui favorise la croissance économique et l’inclusion financière à travers toute l’Afrique.

Principaux enseignements :

  • les paiements numériques ne sont plus un privilège, mais un droit fondamental. Pour que ce droit se concrétise, des efforts concertés et délibérés doivent être entrepris pour développer des solutions de paiement numérique à impact qui n’excluent personne.
  • Les paiements agissent comme un catalyseur des échanges commerciaux. Pour stimuler le commerce en Afrique, nous devons adopter des plateformes interopérables et passer les solutions existantes à l’échelle, afin de fluidifier les échanges commerciaux sur le continent.
  • Les secteurs publics et privés doivent œuvrer main dans la main pour susciter la confiance, en s’attaquant ensemble à la question de la fraude. Ce partenariat est déterminant pour préserver l’intégrité des paiements numériques.
  • Les fintechs doivent avoir les moyens de tester et d’expérimenter de nouvelles innovations, par le biais de bacs à sable réglementaires. Grâce à cette approche, les utilisateurs finaux profitent d’expériences financières qui ont un véritable impact transformateur sur leur quotidien.

Les panélistes, de gauche à droite: Dr Philemon Fana Mnisi, Gouverneur de la Banque centrale d’Eswatini, Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda, Dr Ibrahim Lahai Stevens, Gouverneur de la Banque centrale de Sierra Leone

Cap sur l’avenir

Lors de la séance de clôture, nous avons entendu des dirigeants de premier plan, notamment Archie Hesse, PDG de GhIPSS, Dilwonberish Aberra, Senior Program Officer au sein de la Fondation Bill & Melinda Gates, ainsi qu’Ernest Addison, Gouverneur de la Banque du Ghana. Leurs réflexions ont renforcé notre engagement commun en faveur de l’inclusion financière et de l’innovation. Le lancement du Rapport SIIPS 2024 n’était pas qu’un événement, mais un mouvement, réaffirmant notre attachement à ces valeurs. Nous tenons à exprimer notre gratitude à toutes celles et ceux qui ont contribué au succès de cet événement.


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