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SIIPS 2025 : Décoder les paiements numériques africains avec Co-Develop et AfricaNenda
11 novembre 2025
Les systèmes de paiement instantané (SPI) et l’infrastructure publique numérique (IPN) façonnent la manière dont des millions d’Africains accèdent aux services, gèrent leurs entreprises et participent à l’économie. Pourtant, les journalistes peinent souvent à couvrir ces sujets : le vocabulaire est technique, les systèmes complexes, et les priorités des rédactions ne correspondent pas toujours aux articles explicatifs de fond.
Lors de l’atelier média SIIPS 2025, organisé au Complexe de la Banque Centrale d’Eswatini, cet écart a commencé à se combler. Quinze journalistes venus d’Eswatini et de tout le continent — dont SABC (Afrique du Sud), Reuters Africa, Africa24 TV (Rwanda), Ethiopian Press Agency, APA News (Sénégal), L’Économie (Cameroun), Premium Times et Big Cabal Media (Nigeria), Techfocus24 (Ghana), Africa Cybersecurity Magazine (Bénin), et Le Nouveau Reporter (Togo) — ont reçu des explications claires, du contexte et des outils pratiques pour transformer la transformation numérique de l’Afrique en récits captivants et centrés sur les personnes.
L’événement de cette année a été sponsorisé par Co-Develop, marquant la troisième année consécutive de partenariat. Ensemble, Co-Develop et AfricaNenda ont veillé à ce que les exercices, discussions et études de cas reflètent les réalités concrètes des rédactions.
Collaborations passées :
Atelier média SIIPS 2024, à Accra, Ghana.
Formation média SIIPS 2023, à Addis-Abeba, Éthiopie.
Comprendre l’IPN "DPI"
L’atelier a débuté par une présentation approfondie de l’IPN par Desire Kachenje, Senior Principal, Investments chez Co-Develop, et Bakare Majeed, journaliste et membre de la AfricaNenda Media Coalition. Ils ont illustré comment les identités numériques, les paiements instantanés et les systèmes de données interopérables constituent la base de services publics plus inclusifs et efficaces.
S’appuyant sur des exemples tels que les réformes de l’identité numérique au Nigeria, les intervenants ont montré comment l’IPN réduit les pertes, améliore la prestation de services et crée des opportunités pour les groupes vulnérables.
« Nous accompagnons différents pays africains dans le déploiement de l’infrastructure publique numérique et dans la résolution des obstacles qu’ils rencontrent », a expliqué Desire. « Aujourd’hui, nous voyons des pays passer de systèmes basiques à des systèmes plus matures. C’est inspirant — et cela montre que si nous gardons la collaboration et les utilisateurs finaux au centre, il n’y a pas de limite à ce que le continent peut accomplir. »

Les journalistes ont apprécié la simplicité et le caractère pratique des présentations. Beaucoup ont souligné que cette session avait enfin relié la technologie à l’impact humain — ce qu’un participant a appelé « le chaînon manquant ».
« L’infrastructure publique numérique est une nécessité pour tous», a déclaré Zekarias Woldemariam, rédacteur en chef adjoint de l’Ethiopian Press Agency.
« Nous devons couvrir ces histoires, en particulier sur les paiements instantanés dans nos pays », a ajouté Nelisiwe Ndlangamandla, Eswatini TV.
Enseignements de la Banque centrale d’Eswatini
Brian Sihlongonyane, directeur adjoint IT de la Banque centrale d’Eswatini (CBE), a partagé les progrès du pays en matière de paiements numériques et d’inclusion financière. Les journalistes ont pu découvrir :
l’expansion des systèmes de paiement instantané,
le rôle de l’identité numérique pour améliorer l’accès,
comment la confiance, la réglementation et les politiques façonnent l’écosystème local.
Ces informations ont offert aux reporters des exemples concrets montrant comment les décisions politiques influencent la vie quotidienne — des propriétaires de petites entreprises recevant des paiements instantanés aux communautés rurales accédant plus facilement aux services.

Transformer les données en histoires
Le point fort de la journée a été le Data-to-Story Challenge, animé par les consultants médias seniors d’AfricaNenda, Wycliffe Orandi et Kouame N’Dri. En équipes, les journalistes ont transformé les données de SIIPS 2025 en présentations d’histoires concises de deux minutes.
Les sujets abordés comprenaient :
les progrès de l’Eswatini en matière d’inclusion des paiements,
les écarts liés au genre et à l’âge dans l’utilisation des paiements numériques,
les problèmes de confiance qui maintiennent la dépendance au cash,
l’impact des paiements instantanés transfrontaliers sur le commerce régional.
La session a insisté sur l’importance d’un langage simple, d’une approche centrée sur les personnes et d’une utilisation efficace des visuels — autant d’ingrédients essentiels pour un storytelling percutant.

Regards croisés sur les défis du terrain
Les journalistes de laMedia Coalition d'AfricaNenda, Vincent Owino (Kenya) et Edem Alley (Togo), ont partagé des réflexions directes sur les réalités de la couverture des paiements instantanés et de l’infrastructure publique numérique. Ils ont évoqué la pression de donner la priorité aux sujets à fort trafic, l’accès limité aux experts indépendants, et le temps nécessaire pour comprendre des systèmes complexes.
Leurs interventions ont mis en évidence le besoin de :
maintenir un engagement continu avec les rédactions,
proposer des formations plus ciblées,
organiser des visites sur le terrain pour observer les systèmes en action,
faciliter l’accès aux experts et aux ressources claires.
En tant que modératrice de la session, la Directrice de la Communication d’AfricaNenda Bery Dieye a commenté :
« Cette conversation nous a permis de mieux comprendre les défis auxquels les journalistes font face et comment nous pouvons les soutenir. Nous avons déjà des idées à intégrer pour SIIPS 2026. »
La discussion a offertun regard concret et utile sur la manière de renforcer la collaboration avec les partenaires médias à l’avenir.

Aperçus exclusifs sur SIIPS 2025
Les journalistes ont également bénéficié d’un aperçu exclusif du Rapport SIIPS 2025, présenté par la Directrice générale adjointe d’AfricaNenda, Sabine Mensah. Elle a souligné que 36 systèmes de paiement instantané sont désormais opérationnels dans 31 pays africains, traitant près de 2 000 milliards USD en 2024.
« L’objectif de cet atelier était d’avoir une discussion honnête sur les systèmes de paiement instantané, l’IPN et l’expérience des utilisateurs », a expliqué Sabine.
« La qualité des questions a montré un véritable intérêt pour comprendre les enjeux. Les médias sont essentiels — non seulement pour partager l’information, mais aussi pour sensibiliser sur la manière dont ces systèmes impactent les populations. »

Une transformation numérique à échelle humaine
Tout au long de l’atelier, un message s’est imposé : la transformation numérique de l’Afrique n’est pas une histoire de technologie, mais une histoire humaine.
Les journalistes ont appris à :
identifier les vrais problèmes et les solutions concrètes,
éviter le jargon et simplifier des sujets complexes,
mettre en avant l’expérience des personnes,
rendre les données parlantes (« 400 millions exclus », « 7 utilisateurs sur 10 »),
raconter des histoires qui montrent ce que les populations gagnent — ou perdent — lorsque ces systèmes fonctionnent.
Bery Dieye a souligné l’importance d’impliquer à la fois les rédacteurs en chef et les reporters, de favoriser les visites de terrain, et d’encourager une plus grande transparence des banques centrales afin que les journalistes puissent observer directement le déploiement des systèmes.
Et c’est là toute la force de l’atelier média SIIPS 2025 : transformer les données en histoires. Transformer les histoires en compréhension. Et rendre l’avenir numérique de l’Afrique accessible à tous.