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Connecting Africa: Highlights from the SIIPS 2025 Launch
13 novembre 2025
Le lancement du rapport 2025 sur l’état des systèmes de paiement instantané inclusifs (SIIPS) en Afrique a réuni des dirigeants de banques centrales, des décideurs politiques, des opérateurs de systèmes de paiement, des partenaires au développement et des acteurs de l’écosystème venus de tout le continent. L’objectif était de faire le point sur les progrès réalisés, d’identifier les défis persistants et de définir les prochaines étapes du développement des paiements instantanés en Afrique.
L’événement a rassemblé 180 participants en présentiel et a enregistré 11 722 spectateurs en ligne (diffusion en direct et Zoom), dont 25 journalistes, des représentants de 17 banques centrales, 21 banques et prestataires de services financiers, 6 opérateurs de commutation et 36 partenaires au développement, issus de 30 pays africains.
Organisé en Eswatini, le lancement du SIIPS 2025 a mis en lumière un message clé : les systèmes de paiement instantané inclusifs ne sont plus une option, mais constituent désormais un pilier fondamental de la participation économique, de la création d’emplois et de l’intégration régionale.
Le Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda, a ouvert la cérémonie en revenant sur le parcours de l’Afrique vers une inclusion financière accrue. Il a souligné que les systèmes de paiement instantané inclusifs (SIIPS) vont bien au-delà de la technologie : ce sont de puissants leviers permettant aux individus, aux entreprises et aux communautés de se développer, d’échanger et de prospérer. En rendant les paiements plus rapides, plus simples et plus accessibles, ces systèmes transforment des secteurs clés tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et les petites entreprises, créant ainsi de véritables opportunités et contribuant à un avenir plus inclusif et plus prospère pour le continent.

S’inscrivant dans cette vision d’un paysage des paiements plus inclusif et transformateur, Nilima Ramteke, de la Banque mondiale, a présenté le SIIPS comme le produit phare d’AfricaNenda, solidement ancré dans la stratégie mondiale des Fast Payment Systems. Elle a réaffirmé l’engagement continu de la Banque mondiale à collaborer avec AfricaNenda, à soutenir l’apprentissage entre pairs et à accompagner les pays dans leur transition de systèmes de base vers des infrastructures de paiement plus avancées et inclusives, afin de favoriser le développement d’un écosystème financier numérique africain plus équitable.
Ensuite, le Dr Phil Mnisi, gouverneur de la Banque centrale d’Eswatini et hôte de l’événement, a contextualisé les échanges en mettant en avant les progrès réalisés par l’Eswatini dans le développement de systèmes de paiement instantané inclusifs, ainsi que le rôle crucial d’une infrastructure de paiement robuste pour promouvoir l’inclusion financière et la croissance économique. L’Eswatini, pays d’environ 1,2 million d’habitants, dispose d’une économie de petite taille mais diversifiée. Comme l’a souligné le gouverneur, « la petite taille du pays est aussi sa force ». Toutefois, cette force est confrontée à des défis de développement majeurs, notamment en matière de création d’emplois, avec un taux de chômage global de 34 % et de 58 % chez les jeunes âgés de 15 à 35 ans.
Dans ce contexte, l’infrastructure publique numérique (IPN) a été présentée comme un levier puissant d’émancipation économique. Les principaux constats sont les suivants :
un taux de pénétration des smartphones de 81 % (2024), posant les bases d’un développement solide des services numériques ;
un taux d’inclusion financière de 87 %, en grande partie grâce à l’adoption des services de paiement mobile.
un accès encore limité aux services bancaires formels, en particulier pour les PME.
des lacunes persistantes en matière de littératie financière numérique, qui constituent un défi majeur.
Comme l’a déclaré le Gouverneur: « Le moment est venu d’unir nos forces et d’apprendre les uns des autres. L’Eswatini est prêt à collaborer pour bâtir une économie numérique inclusive. »

Présentation du SIIPS 2025: données probantes, maturité et inclusion
Sabine F. Mensah, directrice générale adjointe d’AfricaNenda, et Jacqueline Jumah, directrice du plaidoyer et du renforcement des capacités, ont ensuite présenté le rapport SIIPS 2025. Cette session a permis aux dirigeants d’AfricaNenda et à leurs partenaires d’échanger sur les enseignements clés et les actions nécessaires pour promouvoir des systèmes de paiement instantané inclusifs.
Un message central s’est dégagé : les pays doivent apprendre les uns des autres plutôt que de réinventer la roue, notamment dans des domaines tels que la littératie numérique, le règlement des différends et l’interopérabilité.
Parmi les principaux enseignements :
les paiements instantanés nécessitent la participation pleine et entière de tous les acteurs de l’écosystème : banques, opérateurs de monnaie mobile et établissements non bancaires ;
le passage de systèmes basiques à des systèmes plus avancés repose sur l’interopérabilité, l’accessibilité financière, la confiance et des mécanismes sectoriels de résolution des litiges ;
le suivi des performances est essentiel ; à titre d’exemple, le NIBSS vise des temps de transaction inférieurs à une seconde ;
les systèmes nationaux doivent être pleinement opérationnels avant d’envisager l’extension vers les paiements transfrontaliers.
Lors de cette présentation, le Système interbancaire de règlement du Nigéria (NIBSS) a été salué pour une avancée majeure à l’échelle continentale. Son système de paiement instantané (NIP) est devenu le premier système de paiement instantané en Afrique classé « Mature » sur le spectre d’inclusion d’AfricaNenda, en reconnaissance de sa solidité en matière de gouvernance, d’accessibilité, d’accessibilité financière et de protection des consommateurs. Cette réussite positionne le NIP comme un modèle de référence pour les systèmes de paiement instantané inclusifs sur le continent.
De gauche à droite: Jacqueline Jumah, directrice du plaidoyer et du renforcement des capacités chez AfricaNenda ; Premier Oiwoh, directeur général et PDG du NIBSS (Nigéria); Sabine Mensah, directrice générale adjointe d’AfricaNenda.

Points saillants des tables rondes
Dialogue des gouverneurs : Politique, leadership et intérêt public
Ce forum a offert une occasion unique aux dirigeants de banques centrales d’échanger ouvertement sur les choix politiques, les arbitrages nécessaires et les enseignements tirés de leurs expériences respectives.
Malgré la diversité des contextes nationaux, plusieurs priorités communes ont émergé :
la nécessité d’un leadership volontaire et décisif pour le lancement et le développement des systèmes de paiement nationaux ;
l’harmonisation des politiques et des réglementations, notamment pour faciliter les paiements transfrontaliers ;
la mise en place de cadres robustes de cybersécurité et le renforcement des capacités des parties prenantes ;
un engagement constructif avec le secteur privé, tout en plaçant l’intérêt public au cœur des priorités.
Les pays ont partagé leurs expériences à différents stades de maturité :
le Libéria a mis en avant l’impact positif de la standardisation des frais de transaction sur l’interopérabilité et l’adoption par le marché ;
le Mozambique a insisté sur l’importance de consolider les systèmes nationaux avant de s’engager dans les paiements transfrontaliers ;
l’Eswatini a exprimé son ambition d’évoluer vers l’open banking et les paiements par carte.
Un moment marquant a été l’intervention du gouverneur de l’Eswatini, qui a partagé une anecdote personnelle sur sa mère demandant un smartphone afin de ne pas être « laissée pour compte » lors du déploiement des paiements instantanés, illustrant ainsi une demande réelle et croissante d’inclusion.
Intervenants (de gauche à droite): Gouverneur de la Banque centrale du Libéria, Henri Samoi ; Dr Robert Ochola, PDG d’AfricaNenda ; Sabine Mensah (modératrice), directrice générale adjointe d’AfricaNenda ; Dr Phil Mnisi, gouverneur de la Banque centrale d’Eswatini ; Rogério Lucas Zandamela, Banque du Mozambique.

Panel 1: De l’accès à l’impact
Les systèmes de paiement instantané inclusifs (SPI) au service de la mise en œuvre des politiques de paiement numérique (DPI)
Cette session a exploré les moyens par lesquels les systèmes de paiement peuvent dépasser la simple accessibilité pour générer un impact économique tangible. Les principaux enseignements issus des expériences nationales sont les suivants :
l’interopérabilité obligatoire (Nigéria, Ghana) comme catalyseur de la confiance et du déploiement à grande échelle ;
les efforts soutenus de réduction des coûts de transaction, le NIBSS étant passé de 100 ₦ par transaction en 2010 à 3 ₦ aujourd’hui ;
l’importance de la croissance des volumes pour assurer une baisse durable des coûts ;
l’expansion des canaux (QR, agents, distributeurs automatiques de billets) afin de stimuler l’adoption.
Les partenaires au développement ont souligné leur rôle clé à travers le financement, l’assistance technique et le développement de solutions open source et d’outils de gestion de la fraude.
Intervenants (de gauche à droite): Dilwonberish Aberra, Fondation Bill & Melinda Gates (modérateur); Premier Oiwoh, directeur général et PDG du NIBSS (Nigéria); Clara Arthur, PDG de GhiPSS (Ghana); Yilebes Addis, PDG d’EthSwitch ; Konstantin Peric, directeur adjoint des paiements à la Fondation Gates.

Panel 2: Connecter l’Afrique
Accélérer les paiements de détail transfrontaliers grâce à l’interconnexion des systèmes de paiement et à l’harmonisation réglementaire
Cette session a confirmé l’une des conclusions majeures du SIIPS 2025: le principal obstacle n’est pas la technologie, mais la politique. Malgré des initiatives continentales telles que la ZLECAf, la fragmentation réglementaire continue de freiner la connectivité.
Les intervenants ont mis en avant :
l’urgence d’une réglementation harmonisée et de normes communes ;
la nécessité de cadres juridiques clairs et d’incitations une fois les politiques adoptées ;
l’importance de renforcer la confiance à travers des mécanismes de confirmation, la protection des données, la lutte contre la fraude et des recours efficaces pour les utilisateurs.
Les petites économies ont été encouragées à collaborer à l’échelle régionale afin d’atteindre une masse critique, tandis que des cas d’usage catalyseurs — tels que le commerce et le commerce électronique — peuvent contribuer à stimuler les volumes.
Intervenants (de gauche à droite) : Prof. Njuguna Ndung’u, président du conseil consultatif de l’Académie de la Banque pour le commerce et le développement ; Amani M’bale, chargée de programme principale à la Fondation Gates (modératrice); Helen Stoner, responsable des ventes de paiements en temps réel chez Mastercard; Nilima Ramteke, spécialiste financière principale à la Banque mondiale ; Björn Richter, coordinateur de cluster à la GIZ.

Consolider les partenariats au-delà de la conférence
La journée s’est achevée par un dîner de gala, offrant aux intervenants, partenaires et parties prenantes un cadre convivial pour échanger et renforcer leurs relations. La soirée, chaleureusement accueillie, a favorisé des échanges enrichissants, une réflexion collective sur les discussions de la journée et le renforcement des partenariats dans un cadre plus informel.
À cette occasion, AfricaNenda a remis des certificats de reconnaissance à 24 banques centrales et opérateurs de systèmes de paiement instantané, dont les contributions en données ont rendu possible l’élaboration du rapport SIIPS 2025. Les invités ont également pu apprécier les riches performances culturelles de l’Eswatini, concluant la journée sur une note mémorable.

Prochaines étapes
Le lancement du rapport SIIPS 2025 s’est conclu sur une dynamique positive, insufflant un nouvel élan à la collaboration. Alors que des systèmes de paiement instantané essentiels sont désormais en place sur de nombreux marchés, l’attention se porte désormais sur l’accès effectif aux services de paiement et leur impact.
Le SIIPS continue de servir d’outil pratique permettant aux pays de mesurer leurs progrès, d’apprendre de leurs pairs et d’atteindre des niveaux d’inclusion toujours plus avancés.
En définitive, l’objectif est clair : construire des systèmes de paiement instantané qui vont au-delà de la rapidité, des systèmes inclusifs, fiables et créateurs de valeur réelle pour les populations, les entreprises et les économies de toute l’Afrique.